Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1822.pdf/202

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
188
POÉSIES


Sur les roses peut-être une abeille s’élance : Je voudrais être abeille et mourir dans les fleurs ! Ou le petit oiseau dont le nid s’y balance.

;

Il chante, elle est heureuse ; et j’ai connu les pleurs. Je ne pleurais jamais sous sa voûte embaumée ; Une jeune Espérance y dansait sur mes pas : Elle venait du ciel, dont l’enfance est aimée ; Je dansais avec elle ; oh ! je ne pleurais pas. Elle m’avait donné son prisme ; don fragile ! J’ai regardé la vie à travers ses couleurs. Que la vie était bellel et, dans son vol agile, Que ma jeune Espérance y répandait de fleurs ! Qu’il était beau, l’ombrage où j’entendais les muses Me révéler tout bas leurs promesses confuses ! Où j’osais leur pondre, et, de ma faible voix, Bégayer le serment de suivre un jour leurs lois ! D’un souvenir si doux l’erreur évanouie Laisse au fond de mon âme un long étonnement. C’est une belle aurore à peine épanouie, Qui meurt dans un nuage ; et je dis tristement : Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ? Oh ! j’en parle toujours ; j’y voudrais être encor ! Au milieu des parfums j’y dormais sans défense, Et le soleil sur lui versait des rayons d’or. Mais au fond du tableau, cherchant des yeux sa proie,