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POÉSIES

Et j’entendis l’écho rire avec le trompeur. Dis, qu’est-ce que laMort ? » demandai-je à mamère : C’est un vieux oiseleur qui menace toujours. » Tout tombe dans ses rets, ma fille, et les beaux jours S’éteignent sous ses doigts comme un souffle éphémère. » Je demeurai pensive et triste sur son sein. Depuis j’allai m’asseoir aux tombes délaissées :

. Leur tranquille silence éveillait mes pensées ; Y cueillir une fleur me semblait un larcin. L’aquilon m’effrayait de ses soupirs funèbres. La voix, toujours la voix m’annonçait le Malheur ; Et quand je l’entendais, passer dans les ténèbres, Je disais : « C’est la Mort ou le vieux oiseleur. » Mais tout change : l’autan fait place aux vents propices, La puit fait place au jour, La verdure, au printemps, couvre les précipices, Et l’hirondelle heureuse y ehante son retour : Je revis le berceau, le soleil et les roses.

Ruisseau, tu m’appelais, je m’élançai vers toi. Je t’appelle à mon tour, clair ruisseau qui l’arroses, J’écoute, réponds-moi ! Qu’a-t —on fait du bocage où rêva mon enfance ? Oh ! je le vois toujours ! j’y voudrais être encor ! Au milieu des parfums j’y dormais sans défense, Et le soleil sur lui versait des rayons d’or.