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POÉSIES

Intercepte l’éclat de l’astre de la France ;
Et la douce Espérance,
En retournant aux cieux, jette un cri de terreur.
De ronces, de cyprès, à jamais couronnée,
Aux regrets condamnée,
Ma lyre en sons confus révèle mes douleurs ;
Et le Temps me promet des pleurs, toujours des pleurs.

Henri, le grand Henri… Quel douloureux murmure
S’élève autour de moi ?
Henri, ton nom m’échappe, et toute la nature
A tressailli d’effroi.
Orgueil du sol français, la noble fleur tombée
N’y renaîtra jamais !
Sous la faux de la Mort sa tête s’est courbée ;
Le monde pleure, il pleure ! Henri seul est en paix.
Aux régions du ciel sa grande âme élevée
De son dernier soupir a rempli l’univers ;
Et l’univers n’est plus qu’une triste vallée
Que le ciel abandonne au souffle des pervers.

Henri ! toi qui régnas pour la gloire du monde,
Le trône, en te portant, s’ennoblissait encor.
Telle est du diamant la richesse féconde,
En lui prêtant ses feux il enorgueillit l’or.
La terre en frémissant au bruit de ses armées,