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IDYLLES

PHILIS

Presse-toi, vieux berger, tout annonce l’orage.
Le vent courbe les blés, détruit la fleur sauvage.
Un murmure plaintif circule au fond des bois,
Et l’écho me répond en attristant ma voix.
De ton chien prévoyant la garde est plus austère ;
Il rôde, en haletant, d’un air triste et sévère ;
Du fond de la vallée il ramène un agneau,
Et le chasse en grondant jusqu’au sein du troupeau.
L’ouragan tourbillonne et ravage la plaine.
L’éclair poursuit l’éclair, il tonne, il va pleuvoir ;
Tout s’efface ; il fait nuit long-temps avant le soir ;
Et le toit de Philis ne se voit plus qu’à peine.
Laisse-moi te guider. Si tu ne peux courir,
Je soutiendrai tes pas : ne crains point ma jeunesse ;
J’ai déjà quatorze ans ; j’honore la vieillesse,
Et je suis assez grand, du moins, pour la chérir.
La petite Philis t’ouvrira sa chaninière ;
Son père m’a vu naître ; il m’appelle son fils.
Pent-être qu’autrefois tu connaissais sa mère ;
Elle n’est plus… mais viens ; tu connaîtras Philis !
Oui, berger, c’est Philis qui m’a dit tout à l’heure :