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ÉLÉGIES

ÉLÉGIES.
Mais il dit mon secret, mais il prouve que j’aime.
Eh bien ! fais le partage en généreux vainqueur :
Amour, pour toi la gloire, et pour moi le bonheur.
C’est un bonheur d’aimer, c’en est un de le dire.
Amour, prends ma couronne, et laisse-moi ma lyre ;
Prends mes vœux, prends ma vie ; enfin ! prends tout, cruel,
Mais laisse-moi chanter au pied de ton autel. =
Et lui : Non, non ! ta prière me blesse ;
Dans le silence, obéis à ma loi :
Tes yeux en plenrs, plus éloquens que toi,
Révèleront assez ma force et ta faiblesse. »
Muse, voilà le ton de ce maître si doux.
Je n’osai lui répondre, et je versai des larmes ;
Je sentis ma blessure, et je maudis ses armes.
Pauvre lyre ! je fus muete comme vous !
L’ingrat ! il a puni jusques à mon silence.
Lassée enfin de sa puissance,
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Muse, je te redonne et mes vœux et mes chants.
Viens leur préter ta grâce, et rends-les plus touchans.
Mais tu pâlis, ma chère, et le froid t’a saisie.
C’est l’hiver qui t’opprime et ternit tes couleurs.
Je ne puis t’arrêter, charmante Poésic ;
Adieu ! tu reviendras dans la saison des fleurs.
Pa,