ÉLÉGIES.
Comme un rêve mélancolique,
Le souvenir de mes amours
Trouble mes nuits, voile mes jours.
Il est éteint ce fen, ce charme unique,
Éteint par toi, cruelle. En vain à mes genoux
Tu promets d’enchainer un amant plus aimable,
Ce cœur blessé, dont l’amour est jaloux,
Donne encore un regrèt, un sonpir au coupable.
Qu’il m’était cher ! que je l’aimais !
Que par un doux empire il m’avait asservie !
Ah ! je devais l’aimer toute ma vie,
Ou ne le voir jamais ?
Que méchamment il m’a trompée !
Se peut-il que son âme en fût préoccupée,
Quand je donnais à son bonheur
Tous les battemens de mon cœur !
Dieu ! comment se peut-il qu’une bouche sí tendre
Par un charme imposteur égare la vertu ?
Si ce n’est dans l’amour, où pouvait-il le prendre,
Quand il disait : Je t’aime ; m’aimes-tu ?
O fatale inconstance ! à tourment de mon âme !
Qu’as-tu fait de la sienne, et qu’as-tu fait de moi ?
Non, ce n’est pas l’Amour, ce n’est pas lui, c’est toi
Qui de nos jours heureux a désuni la flainine.
Say
79
— 1
Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1822.pdf/89
Cette page n’a pas encore été corrigée
79
ÉLÉGIES