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Page:Desbordes-Valmore - Une raillerie de l’amour, 1833.pdf/113

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PROJET.

Paris, ce … 1809.

« Je t’ai quitté d’une manière si brusque, mon cher Ernest, que tu dois en être aussi blessé que j’en suis confus. Le commandant Nairac, que j’ai rencontré dans ma fuite, et sous ta porte, m’a appris, à ma grande consternation, que c’est envers ta sœur que je suis coupable d’une franchise, que tu peux nommer brutale. Sans le mystère que tu m’en as fait, jamais tu n’aurais approfondi mes sentimens pour celle que je ne croyais pas t’être si intimement chère. Me voilà dans une position détestable, car je t’aime trop pour ne pas souffrir profondément de l’idée de ne plus te voir, et tu sais trop maintenant ce que je pense pour qu’il me soit possible de te le cacher ; je n’ose ni t’attendre, ni t’aller chercher. J’ai