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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/101

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un accent aigu sur l’é ; dans l’édition Clerselier (1657-1667), on trouve souvent imprimé cét. Descartes cependant n’écrit ni cest, ni cét, mais simplement cet.

3° Reste notre accent grave. Tantôt il correspond aussi à une s disparu, comme dans quatrième, etc., théorème, que Descartes écrivait quatriesme, theoresme. Tantôt c’est un signe qui ne correspond à rien dans l’ancienne orthographe française : ainsi Descartes écrit toujours pere, i’espere, ie considere, diametre, etc. Il connaît cependant l’accent grave, bien qu’il en use très peu ; on compte les exemples de a préposition avec un accent, à, (d’ordinaire c’est devant la lettre a, employée comme signe algébrique, et pour l’en distinguer) ; mais le plus souvent il l’écrit comme a verbe, sans accent. Une page est particulièrement remarquable à cet égard (f. 11 recto) ; on y trouve six fois à avec accent, ce qui est déjà rare, et plus de vingt fois peut-être le même a préposition sans accent. Descartes n’accentuait pas non plus ou adverbe de lieu (), et le laissait comme ou conjonction : une fois ou deux seulement on trouve d’où il suit. — Remarquons que, dans l’édition Clerselier (1657-1667), on trouve un accent aigu, où nous mettons aujourd’hui un accent grave : troisiéme, quatriéme, etc. Et plus tard dans la Vie de Mons. Des-Cartes (1691), les syllabes des mots pere, espere, etc., qui n’étaient pas encore accentuées dans Clerselier, le sont enfin, mais avec un accent aigu : pére, espére, etc.

4° Nous pouvons maintenant parler de l’accentuation de Descartes.

L’accent aigu est employé sur e (é) à la fin des mots comme verité, extremité, ieté, etc. Encore cet accent disparaît-il au pluriel, lorsque la forme és est remplacée par ez, difficultez, procedez, etc. Il disparaît même quelquefois au singulier, lorsqu’un second e vient s’ajouter au premier pour marquer le féminin : donnee, nommee, tiree (f. 48 rect, l. 15, 27).

L’accent aigu est encore employé au commencement des mots, lorsque la première syllabe es est remplacée par un e tout court : égal, éloigné, etc. Et même en ce cas il n’apparaît pas toujours : on trouve souvent, egal, eloigné, repondre, medire, etc.

Mais cet accent aigu, qu’on trouve sur l’é première lettre et sur l’é dernière lettre des mots, manque toujours, lorsque l’e est dans le corps des mots, verité, procedé, etc. (sauf quelques cas où es est remplacé par é).