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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/165

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ne vous eſt pas inconnu, & que ledit ſieur n’en ſçait que ce que vous luy en auez appris. Si vous iugiez que ie peuſſe le comprendre, vous m’obligeriez grandement de me le communiquer à voſtre commodité. 5 Mais il adjoûte qu’on luy fourniſſe vn homme qui ſçache tailler le verre exactement. I’eſtime cette derniere condition autant difficile que tout le reſte, s’il ne fait forger de nouueaux ouuriers faits exprés & de commande, n’eſtimant pas qu’il en trouue à ſa mode 10 pour le preſent. Il m’eſtime ſi peu, qu’il ne croit pas que i’aye aſſez d’eſprit pour entendre & entreprendre de moindres choſes, puis qu’il le dit en ma preſence. I’auoüe mon inſuffiſance, qui doit eſtre excuſée, n’ayant iamais elle inſtruit en quoy que ce ſoit que 15 par vous, Monſieur, à qui ie veux deuoir toutes choſes. Ce mépris neantmoins ne ſçauroit tellement me rebuter, que ie ne ſente aſſez d’inclination en moy pour goûter & comprendre les veritables connoiſſances des ſciences qui me pourroient eſtre communiquées 20 par des perſonnes de voſtre merite, tant i’ay d’ambition de me faire connoiſtre par quelque choſe au delà du commun ; ce qui me donne quelque ſorte de courage pour chercher les moyens de ſurmonter beaucoup de difficultez qui ſe rencontrent dans les operations 25 des ouurages exquis. Ne faites pas, s’il vous plaiſt, pareil iugement de moy qu’en fait Monſieur Mydorge ; i’eſpere tant de voſtre affection, que vous voudrez bien auoir le contentement de ſçauoir que vous m’aurez donné tout ce que ie poſſederay ; et ſi ma 30 mauuaiſe fortune m’oſte les moyens d’en vſer vtile-

3-4 grandement] beaucoup Inst.