Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nee de m’enuoyer ce Phaenomene[1], car il eſt tout ſemblable a celuy que i’auois vû. Ie ne laiſſe pas de vous en auoir tres grande obligation, & encores plus de l’offre que vous me faites de faire imprimer ce petit traité que i’ay deſſein d’eſcrire ; mais ie vous diray 5 qu’il ne ſera pas preſt de plus d’vn an. Car depuis le tans que ie vous auois eſcrit il y a vn mois, ie n’ay rien fait du tout qu’en tracer l’argumant, et au lieu d’expliquer vn Phaenomene ſeulemant, ie me ſuis reſolu d’expliquer tous les Phaenomenes de la nature, 10 c’eſt a dire toute la Phyſique. Et le deſſein que i’ay me contente plus qu’aucun autre que i’aye iamais eû, car ie penſe auoir trouué vn moyen pour expoſer toutes mes penſees en ſorte qu’elles ſatisferont a quelques vns & que les autres n’auront pas occaſion d’y 15 contredire.

L’inuention de Mr Gaudey[2] eſt tres bonne & tres exacte en prattique ; toutesfois affin que vous ne penſiés pas que ie me fuſſe meſpris de vous mander que cela ne pouuoit eſtre Geometrique, ie vous diray que 20 ce n’eſt pas le cylindre qui eſt cauſe de l’effait, comme vous m’auiés fait entendre, et qu’il n’y fait pas plus que le cercle ou la ligne droitte, mais que le tout depend de la ligne hélice que vous ne m’auiés point nommée & qui n’eſt pas vne ligne plus receue en 25 Geometrie que celle qu’on appele quadraticem, pource qu’elle ſert a quarrer le cercle & meſme a diuiſer l’angle en toutes ſortes de parties eſgales auſſy bien que celle cy & a beaucoup d’autres vſages que vous

  1. Voir plus haut, lettre X, p. 23, l. 15.
  2. Voir plus haut, lettre X, p. 25, l. 20.