Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/226

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ii2 Correspondance. 11,496-497.

peut fignifier quVne faufle imagination. Car il eft cer- tain qu'vne corde bandée fur vn monocorde, eft éga- lement bandée en toutes fes parties ; & fi vous tour- nez la cheuille fort lentement pour monter la corde, ie croy qu'elle fe rompra aufii-toft au milieu qu'aux 5 extremitez. Mais fi vous la tournez vn peu vifte, elle le rompra plûtoft aux extremitez qu'au milieu, pour ce que le mouuement commençant par les bouts, elle n'y a pas tant de loifir pour s'étendre, qu'elle a au milieu, & ainfi elle s'y rompt pluftoft. Car il faut re- «o marquer que non extendiîur in inflanti; & vous ferez aller vne corde beaucoup plus haut fans la rompre, fi vous la montez peu à peu, que fi vous la montiez tout d'vn coup.

Pour l'homme des langues, ne trouuez pas eftrange i5 s'il explique du Perfan ou d'autres femblables lan- gues, principalement puis qu'il n'entreprend pas cela fur le champ, mais en deux ou trois iours de temps. - Car en ayant apris plufieurs, il peut bien déchiffrer quelque chofe de toutes les autres qui font en vfage, 20 au moins s'il a de l'efprit. Mais il eft ridicule de dire que les Romains ont tiré le nom de Dieu d'vn mot Hébreu & les Allemans d'vn Arabe : comme fi le peuple qui a compofé les langues s'eftoit voulu afiu- jettir à fuiure fes réueries ; cela eft fi puérile, que ie 25 m'eftonne de ce qu'on prend feulement la peine de l'écouter.

le vous remercie de ce que vous m'offrez de m'en- uoyer les obferuations de Monfieur GafTendy; ie ne voudrois pas vous donner tant de peine, puis quelles 3o ne font point imprimées. le ferois feulement bien aife

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