Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/480

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

j66 Correspondance. 1,496-497.

mot, la quatrième phrase de la lettre précédente (p. 364, l. S- 10), avec le mot derechef en plus, comme si Descartes revenait à la fin sur une recommandation déjà faite par lui au commencement; ces deux fragments paraissent donc appartenir à la même lettre, peut-être écrite à dessein sur deux feuilles séparées , l'une pour Mersenne seul à cause des quelques mots p. 364, l- 5, l'autre qui pouvait être aussi montrée aux auteurs des objections auxquelles répond Descartes.

Pour ce que vous inferez que, fi la nature de l'homme n'eft que de penfer, il n'a donc point de vo- lonté, ie n'en voy pas la confequence; car vouloir, entendre, imaginer, fentir, &c, ne font que des di- uerfes façons de penfer, qui apartiennent toutes à 5 l'ame. Vous rejettez ce que i'ay dit, quilfuffit de bien iuger pour bien faire; et toutefois il me femble que la doctrine ordinaire de l'école eft que voluntas nonfertur in malum, niji quatenus eifub aliqua ratione boni reprœ- fentatur ab intelleclu, d'où vient ce mot : omnis peccans 10 eft ignorans; en forte que û iamais l'entendement ne reprefentoit rien à la volonté comme bien, qui ne le fuft, elle ne pourroit manquer en fon élection. Mais | il luy reprefente fouuent diuerfes chofes en mefme temps; d'où vient le mot video meliora proboquc, qui >5 n'eft que pour les efprits foibles, dont i'ay parlé en la page 26. Et le bien faire dont ie parle ne fe peut en- tendre en termes de Théologie, où il eft parlé de la Grâce, mais feulement de Philofophie morale & natu- relle, où cette Grâce n'eft point confiderée; en forte 20 qu'on ne me peut accufer pour cela de l'erreur des Pelagiens ; non plus que fi ie difois qu'il ne faut qu'a- uoir vn bon fens pour eftre honnefte homme, on ne m'objederoit pas qu'il faut auffi auoir le fexe qui nous diftingue des femmes, pource que cela ne vient point 25

�� �