Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/556

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442 Correspondance.

rence du cercle que defcrit la force qui le tourne foit de dix pieds, a caufe que dix fois dix font cent, vn homme feul pourra preffer aufly fort auec cete vis, que cent pourraient faire fans elle, pouruû feulement qu'on en rabate la force qu'il faut a la tourner. 5

Or i'ay parlé icy de preffer, plutofl que de hauffer ou remuer, a caufe que c'eft a cela qu'on employé le plus ordinairement cete vis. Mais lorfqu'on s'en veut feruir a leuer des fardeaux, au lieu de la faire auancer dans vne efcrouë, on ioint a elle vne roue a plufieurs 10 dents tellement faites, que fi cete roue a par exemple jo dents, pendant que la vis fait vn tour entier, elle ne luy fait faire que la trentiefme partie d'vn tour; & fi le poids efl attaché a vne chorde qui, fe rollant autour de l'aiffieu de cete roué, ne l'eleue que d'vn pied de i5 haut pendant que la roue fait vn tour entier, & que la grandeur de la circonférence du cercle que defcrit la force qui tourne la vis foit derechef de dix pieds, a caufe que dix fois trente font trois cens, vn homme feul pourra leuer vn auffy grand poids auec cet infini- 20 ment, lequel s'appele la vis fans fin, que trois cens hommes fans luy. Pouruu derechef qu'on en rabatte la difficulté qu'on peut auoir a le tourner, qui n'efl pas proprement caufée par la pefanteur du fardeau, mais par la forme ou la matière de l'inflrument. Et 25 cete difficulté efl en luy plus fenfible qu'aux prece- dens, d'autant qu'il a plus de force.

7 qu'on] que l'on. — 10 vne efcrouë] vn écrou. — 14 rollant] roulant.

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