Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/597

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que, comme nous l’avons dit plus haut (p. 463-464, argument de la lettre XCVI), Fermat dut recevoir un exemplaire complet de l’ouvrage de Descartes.

Mon Reuerend Pere,

I’ay receu l’écrit de Monſieur de Fermat, auec vn billet que vous auiez mis dans le pacquet du Maire, & depuis i’ay attendu huit iours ſans y répondre, pour 5 voir ſi ie ne receurois point cependant le pacquet que vous me mandez par ce billet m’auoir addreſſé au meſme temps ; mais ie ne l’ay point receu, & ainſi ie crains qu’il n’ait eſté perdu, au moins ſi vous ne l’auez enuoyé par vne autre voye que par la poſte. Ie vous 10 renuoye l’original de ſa demonſtration pretenduë contre ma Dioptrique[1], pource que vous me mandiez que c’eſtoit ſans le ſceu de l’autheur que vous me l’auiez enuoyé. Mais pour ſon écrit de maximis & minimis, puiſque c’eſt vn Conſeiller de ſes amis[2] qui 15 vous l’a donné pour me l’enuoyer, i’ay crû que l’en deuois retenir l’original, & me contenter de vous en enuoyer vne copie, veu principalement qu’il contient des fautes qui ſont ſi apparentes, qu’il m’accuſeroit peut-eſtre de les auoir ſuppoſées, ſi ie ne retenois ſa 20 main pour m’en deffendre. En effet, ſelon que i’ay pû iuger par ce que i’ay veu de luy, c’eſt vn eſprit vif, plein d’inuention & de hardieſſe, qui s’eſt à mon aduis precipité vn peu trop, & qui ayant acquis tout d’vn coup la reputation de ſçauoir beaucoup en Algebre, 25 pour en auoir peut-eſtre eſté loüé par des perſonnes qui ne prenoient pas la peine ou qui n’eſtoient pas

  1. La Lettre LXXII ci-avant, p. 354.
  2. Carcavi.