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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/99

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Il écrit os, où nous mettons aujourd’hui ô, dans nostre, vostre, tost, plutost, coste, oster ; et ous dans des mots que nous écrivons , comme goust. Parfois même nous avons supprimé tout accent, là où il écrivait coustume, adiouster, etc. ; lui-même écrit aussi, bien que rarement, i’adioutay, et une fois i’aioutay (f. 13 verso, l. 20 et 23). Il écrit volontiers soutenir et soutenu, bien qu’on trouve également soustenir et soustenu : ainsi, dans l’espace de huit lignes seulement (f. 5 verso, l. 25-33), on trouve ils soutienent une fois, soutenir deux fois, soustenu une fois, soustenir deux fois ; et plus loin, à quatre lignes d’intervalle (f. 6 verso, et f. 7 recto), soustenu deux fois, et soutenu une fois.

Descartes enfin écrit us, où nous mettons aujourd’hui û : exemple, brusler, etc. Notons toutefois que notre û et même l’u sans accent correspondent aussi souvent à l’ancienne forme eu qu’à us, et que Descartes l’emploie déjà ainsi, comme nous l’avons remarqué dans vû que, pouruû que, pû, connû, etc. Parfois les deux formes anciennes se trouvent ensemble : qu’il deuſt, vous-leuſtes (f. 20 verso, l. 29). Nous avons conservé l’une des deux dans qu’il eût, écrit autrefois qu’il euſt.

2° Notre accent aigu sur l’e (é) correspond à l’ancienne forme es (conservée, par exemple, dans correspondre, mais non pas dans répondre). Descartes emploie d’ordinaire es, non pas toujours cependant, car on trouve aussi pour le même mot les trois formes


    auoir de difference entre l’ortografe du temps passé et celle de l’optatif. Ie répons à cela qu’on ne prononce pas entierement la consonne s qui est aux optatifs, mais qu’on la prononce à demy, et que pour preuue de cette verité, il seroit necessaire d’oüir quelqu’vn qui eust vne bonne prononciation. » Enfin, p. 54-55 : « Si l’on me reproche encores qu’il y a des termes desquels nous ne retranchons point la consonne s, quoy que nous ne la prononcions pas, comme Maistre, parestre, connestre, et quelques autres, et que par consequent la raison n’est pas bonne, de dire qu’il ne faut point se seruir de lettres si elles ne sont necessaires, ie répons que la consonne s l’est en ces mots-cy, et qu’elle donne vne autre force à la voyelle qui la precede quand on écrit. Maistre, parestre, connestre, qu’elle ne fait quand on écrit témoigner, répondre, établir, et leurs semblables, parce que ceux-cy se prononcent mieux sans s, que si l’on y en mettoit vne, et ceux-là au contraire ne peuuent estre si bien prononcez s’ils ne l’ont. »