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620 Correspondance. n. 190-191.

nant ma confcience, pour fçauoir fur quel prétexte on l'a pu fonder, ie n'en trouue aucun autre, finon que i'ay^flé vne fois auec M. de N. & M. Hefdin à vne lieuë de Leyde, pour voir par curiofité raffemblée d'vne certaine Sede de gens, qui fe nomment Pro- 5 phetes*, & entre lefquels il n'y a point de Miniftre, mais chacun prefche qui veut, foit homme ou femme, félon qu'il s'imagine eftre infpiré ; en forte qu'en vne heure de temps, nous ouïfmes les Sermons de cinq ou fix païfans ou gens de métier. Et vne autre fois nous 10 fufmes entendre le Prefche d'vn Miniflre Anabaptiflc, qui difoit des chofes fi impertinentes, & parloit vn françois fi extrauagant, que nous ne pouuions nous empefcher d'éclater de | rire; & ie penfois eftre plutoft à vne farce qu'à vn prefche. Mais pour ceux des Cal- i5 uiniftes, ie n'y ay iamais efté de ma vie que depuis voftre lettre écrite, que me trouuant à la Haye le neu- fiéme de ce mois, qui eft le iour qu'on remercie Dieu & qu'on fait des feux de joye pour la défaite de la Flotte Efpagnole", ie fus entendre vn Miniftre François 20 dont on fait eftat ; mais ce fut en telle forte, qu'il n'y auoit là perfonne qui m'apperceuft, qui ne connuft bien que ie n'y allois pas pour y croire ; car ie n'y en- tray qu'au moment que le Prefche commençoit; i'y demeuray contre la porte, & en fortis au moment qu'il 25 fut acheué, fans vouloir affifter à aucune de leurs cé- rémonies. Que fi i'euife receu voftre lettre aupara- uant, ie n'y aurois pas efté du tout : mais il eft impof-

3 Hefdin] ou E{ding (Inst.).

a. Au combat naval de Duins, 21 octobre 16.^9.

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