Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/448

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée
436
ii, 301–302.
Correspondance.


en octobre (voir ci-après le prolégomène de la lettre CCLIII). La probabilité semble donc être que la présente ait été écrite rers le commencement de septembre 1641 (le lundi 2 ?).

Mon Reuerend Père,

Ie vous suis extrêmement obligé de tous les soins
que vous prenez pour moy, & du zele que vous témoi-
gnez auoir pour ce qui me touche ; mais, pour ce que
5i'en ay incomparablement moins que vous, ie croirois
commettre vne iniustice, si ie manquois à vous sup-
plier de mépriser entièrement tout ce qu'on vous peut
dire à mon desauantage, & de ne prendre pas seule-
ment la peine de l'écouter ny de m'en écrire. Car
10pour moy, il y a si long-temps que ie sçay qu'il y a des
sots dans le monde, & ie fais si peu d'estat de leurs iu-
gemens, que ie serois tres-marry de perdre vn seul
moment de mon loisir ou de mon repos à leur suiet.

Et pour ma Metaphysique, ie cessay entièrement d'y
15penser, dés le iour que ie vous enuoyay ma réponse ad
Hyperaspisten
[1] ; en sorte que mesme ie ne l'ay pas euë
depuis ce temps-là entre mes mains; & ainsi ie ne puis
répondre à aucune chose de tout ce que vous m'en
écriuiez, il y a huit iours[2], sinon que ie vous supplie de
20n'y penser non plus que moy. I'ay fait, en la publiant,
ce à quoy ie pensois estre obligé pour la gloire de
Dieu, la décharge de ma Conscience. Que si mon
destein n'a pas reüssi, & qu'il y ait trop peu de gens
au monde qui soient capables d'entendre mes raisons,

  1. Lettre CCL, page 421 ci-avant.
  2. Il s'agissait, sans doute, avant toute chose, dans cette lettre de Mersenne, de l'impossibilité d'obtenir l'approbation de la Sorbonne pour les Meditationes. Voir l'éclaircissement, p. 418-419 ci-avant.