Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/180

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166 Correspondance.

Premièrement, ie confidere ce que c'eft que le corps d'vn homme, & ie trouue que ce mot de corps eft fort equiuoque; car, quand nous parlons d'vn corps en gênerai, nous entendons vne partie déterminée de la matière, & enfemble de la quantité dont l'vniuers eft 5 compofé, en forte qu'on ne fçauroit ofter tant foit peu de cette quantité, que nous ne iugions incontinent que le corps eft moindre, & qu'il n'eft plus entier; ny changer aucune particule de cette matière, que nous ne penfions, par après, que le corps n'eft plus totale- 10 ment le mefme, ou idem numéro. Mais, quand nous parlons du corps d'vn homme, nous n'entendons pas vne partie déterminée de matière, ny qui ait vne grandeur déterminée, mais feulement nous entendons toute la matière qui eft enfemble vnie auec l'ame de i5 cet homme; en forte que, bien que cette matière change, & que fa quantité augmente ou diminue, nous croyons toufiours que c'eft le mefme corps, idem numéro, pendant qu'il demeure ioint & vny fubftan- tiellement a la mefme ame; & nous croyons que ce 20 corps eft tout entier, pendant qu'il a en foy toutes les difpofitions requifes pour conferuer cette vnion. Car il n'y a perfonne qui ne crove que nous auons les mefmes corps que nous auons eus des noftre enfance, bien que leur quantité foit de beaucoup augmentée, *5 & que, félon l'opinion commune des Médecins, & lans doute félon la vérité, il n'v ait plus en eux aucune

'•■ Il faut sans doute que le iugemeni du P. Mcslani n'ait pas esté fauo-

» rablc a M r Des Canes, puisque sa pensée cust ^té inconnue, sans

» vi'us, Mr, que i'av t.iuiours ouy citer comme ecluy de qui on l'auoit

f apprise. » [Bibl. de Chartres, M S. 366, p. 5 3 4 J

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