Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

190 Correspondance. i, i5i-i5a.

porent pas fi facilement en hyuer, par les pores de la peau, qui font alors reflerrez par le froid, qu'elles font en eflé : c'efl pourquoy elles vont en plus grande abondance dans l'eflomac, où elles aident à la coc- tion des viandes. 5

La troifiéme queflion efl touchant le froid de la fièvre, lequel ie croy ne venir d'autre chofe, finon que la fièvre efl caufée de ce qu'il s'amafle vne humeur corrompue dans le mezentaire, ou en quelqu'autre partie du corps, laquelle humeur, au bout d'vn, ou 'o deux, ou trois iours, (qui eft vn temps dont elle a befoin pour la meurir & rendre fluide, à raifon de- quoy la fièvre efl ou quotidienne, ou tierce, ou quarte), coule dans les veines, & ainfi fe méfiant parmy le fang, & allant auec luy dans le cœur, elle i5 empefche qu'il ne s'y puiffe tant échaufer & dilater que de coutume, ny, par confequent, porter tant de chaleur au refte du corps ; ce qui efl caufe du trem- blement qu'on fent pour lors. Mais cela n'arriue qu'au commencement de l'accez : car, comme le bois 20 verd, qui éteint le feu, lors que d'abord il y efl mis, rend vne flame plus ardente que l'autre bois, après qu'il efl bien embrafé; ainfi, après que cet|te humeur corrompue a eflé méfiée quelque tems parmy le fang, elle s'échaufe & fe dilate dauantage que luy dans le 25 cœur; ce qui fait la chaleur de l'accez, lequel dure iufqu'à ce que toute cette humeur corrompue foit éuaporée, ou réduite à la conflitution naturelle du fang. Or la fièvre cefferoit toufiours à la fin de l'ac- cez, fi on pouuoit empefcher qu'il ne reuinfl d autre 3o humeur, en la place où s'ell corrompue ' liere;

�� �