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i,87-88. CCCLXXV. — 18 Mai 1645. 20J

qu'elles tirent des larmes de nos yeux; ainfi ces plus grandes âmes, dont ie parle, ont de la fatisfadion, en elles-mefmes, de toutes les chofes qui) leur arriuent, mefme des plus fafcheufes & infuportables. Ainfi, ref- 5 fentant de la douleur en leur cors, elles s'exercent à la fupporter patiemment, & cette épreuue qu'elles font de leur force, leur eft agréable ; ainfi, voyant leurs amis en quelque grande affliction, elles compa- tiflent à leur mal, & font tout leur poffible pour les en

10 déliurer, & ne craignent pas mefme de s'expofer à la mort pour ce fuiet, s'il en eft befoin. Mais, cependant, le témoignage que leur donne leur confcience, de ce qu'elles s'acquittent en cela de leur deuoir, & font vne a&ion louable & vertueufe, les rend plus heu-

i5 reufes, que toute la trifteflé, que leur donne la com- paflion, ne les afflige. Et enfin, comme les plus grandes profperitez de la Fortune ne les enyurentiamais, & ne les rend(ent) point plus infolentes, aufli les plus grandes aduerfitez ne les peuuent abatre ny rendre

20 fi triftes, que le corps, auquel elles font iointes, en deuienne malade.

le craindrois que ce ftile ne fuft ridicule, fi ie m'en feruois en écriuant à quelqu'autre; mais, pour ce que ie confidere voftre Altefle comme ayant l'ame la plus

  • 5 noble & la plus releuée que ie connoiffe, ie croy qu'elle

doit aufli eftre la plus heureufe, & qu'elle le fera véri- tablement, pourueu qu'il luy plaife ietter les yeux fur ce qui eft au deffous d'elle, & comparer la valeur des biens qu'elle poffede, & qui ne luy fçauroient iamais

3o eftre oftez, auec ceux dont la Fortune l'a dépouillée, & les difgraces dont elle la perfecute en la perfonne

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