Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/338

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

^24 Correspondance.

en vojire phyjique; & cela, pour en ejîre glorifié, qui femble vne fin fort indigne du créateur de ce grand vni- uers. Mais ie vous prefentois, en cecy, plutofi l'obieclion de nos théologiens que la mienne, l'ayant toujiours creu chofe très impertinente, pour des perfonnes finies, de iuger 5 de la caufe finale des aclions d'vn ejire infini.

Vous ne croye^ pas quon a befoin d'vnc cognoijjance exacte, iufquou la raifon ordonne que nous nous inte- reffions pour le public, a caufe qu encore quvn chacun raportaU tout afoy, il trauailleroit auffi pour les autres, 10 silfe feruoit de prudence a . Et cette prudence efi le tout, dont ie ne vous demande quvne partie. Car, en la poffe- dant, on ne fauroit manquer a faire iufiice aux autres, comme a foy mefme, & cefifon défaut qui efi caufe quvn efprit franc perd quelquefois le moien de feruir fa patrie, i5 en s" abandonnant trop légèrement pour fon interefi, & quvn timide fe perd auec elle, a faute de hasarder fon bien & fa fortune pour fa conferuation.

l'ay toujiours efié en vne condition, qui rendoit ma vie très inutile aux perfonnes que i'aime; mais ie cherche fa jo conferuation auec beaucoup plus de foin, depuis que i'ay le bonheur de vous connoifire, parce que vous niaue^ montre' les moyens de viure plus heureufement que ie ne faifois. Il ne me manque que la fatisfaclion de vous pou- uoir tefmoigner combien cette obligation efi reffentie de 25 Vofire affeélionnée amie a vous feruir,

ELISABETH.

De La Haye, ce28d , 8 b "\

M. De /cartes. 4 l'ayant] ayant.

a. Page 3 1 6, 1. i5.

�� �