Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/367

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i,4o-4i. CDX1X. — Janvier 1646. j^j

vne comparaifon. Si vn Roy qui a deffendu les duels, & qui fçait tres-affurément que deux Gentils-hommes de fon Royaume, demeurans en diuerfes villes, font en querelle, & tellement animez l'vn contre l'autre, que

5 rien ne les fçauroit empefcher de fe battre s'ils fe ren- contrent ; fi, dis-ie, ce Roy donne à l'vn d'eux quelque commiffion pour aller à certain iour vers la ville où eft l'autre, & qu'il donne aufli commiffion à cet autre pour aller au mefme iour vers le lieu où eft le pre-

10 mier, il fçait bien aflurément qu'ils ne manqueront pas de fe rencontrer, & de fe battre, & ainfi de contre- uenir à | fa defenfe, mais il ne les y contraint point pour cela ; et fa connoiflance, & mefme la volonté qu'il a eue de les y déterminer en cette façon, n'empefche

i5 pas que ce ne foit aufli volontairement & aufli li- brement qu'ils fe battent, lors qu'ils viennent à fe rencontrer, comme ils auraient fait s'il n'en auoit 11 rien fceu, & que ce fuit par quelqu'autre occafion qu'ils fe fuffent rencontrez, & ils peuuent aufli iufte-

20 ment eltre punis, pour ce qu'ils ont contreuenu à fa defenfe. Or ce qu'vn Roy peut faire en cela, touchant quelques actions libres de fes fuiets, Dieu, qui a vne prefcience & vne puillance infinie, le fait infaillible- ment touchant toutes celles des hommes. Et auant

25 qu'il nous ait enuoyez en ce monde, il a fceu exacte- ment quelles feroient toutes les inclinations de noftre volonté ; c'eft luy-mefme qui les a mifes en nous, c'elt luy aufli qui a difpofé toutes les autres chofes qui font hors de nous, pour faire que tels &

a. Clers. : s'ils n'en avoient.

b. Clers. : qu'elles.

Correspondance. IV. 45

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