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r,5i-5a. CDXLV. — Septembre 1646. 487

Qu'on peut ejîre hay pour de bonnes aéîions auffi bien que pour de mauuaifes*.

Sur lefquels fondemens il appuyé des préceptes très tyranniques, comme de vouloir qu'on ruine tout

5 vn pais, afin d'en demeurer le maijîre; qu'on exerce de grandes cruauté^, pouruû que ce foit promtement & tout à la fois; qu'on tafche de paroijlre homme de bien, mais qu'on ne le/oit pas véritablement ; qu'on ne tienne fa pa- role quaufji long-temps qu'elle fera vtile; qu'on diffimule,

10 qu'on trahiffe; & enfin que, pour régner, on fe dépouille de toute humanité, & qu'on deuienne le plus farouche de tous les animaux *

Mais c'eft vn très mauuais fuiet pour faire des liures, que d'entreprendre d'y donner de tels pre-

i5 ceptes, qui, au bout du conte, ne fçauroient afTurer ceux aufquels il les donne ; car. comme il auoùe luy- mefme, ils ne fe peuuent garder du premier qui voudra négliger fa vie pour fe vanger d'eux*. Au lieu que, pour inftruire vn bon Prince, quoyque nouuellement

20 entré dans vn Eftat, il me femble qu'on luy doit pro- pofer des maximes toutes contraires, & fuppofer que les moyens dont il s'eft feruy pour s'établir ont efté iuftes; comme, en effet, ie croy qu'ils le font prefque tous, lors que les Princes qui | les pratiquent les

25 eftiment tels; car la iuftice entre les Souuerains a d'autres limites qu'entre les particuliers, & il femble qu'en ces rencontres Dieu donne le droit à ceux aufquels il donne la force. Mais les plus iuftes actions deuiennent iniufles, quand ceux qui les font les

3o penfent telles.

On doit auffi diftinguer entre les fuiets, les amis

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