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602 CORRESPONDANCE. I. 107-10S.

qu'elle a d'en eflre priuée, eft fa triftefle ; mais celuy qui accompagne la connoiffance qu'elle a qu'il luy feroit bon de l'acquérir, eft fon defir. Et tous ces mou- uemens de la volonté aufquels confiftent l'amour, la ioye & la triftefle, & le defir, en tant que ce font des 5 penfées raifonnables, & non point des pallions, fe pourroient trouuer en noftre ame, encore qu'elle n'euft point de corps. Car, par exemple, fi elle s'a- perceuoit qu'il y a beaucoup de chofes à connoiftre en la Nature, qui font fort belles, fa volonté fe porte- 10 roit infailliblement à aimer la connoilfance de ces chofes, c'eft à dire, à la confiderer comme luy appar- tenant. Et fi elle remarquoit, auec cela, qu'elle euft cette connoiflance, elle en auroit de la ioye ; fi elle confideroit qu'elle ne l'euft pas, elle en auroit de la iS triftefTe; fi elle penfoit qu'il luy feroit bon de l'ac- quérir, elle en auroit du defir. Et il n'y a rien en tous ces mouuemens de fa volonté qui luy fuft obfcur, ny dont elle n'euft vne tres-parfaitc connoilfance, pour- ueu qu'elle fift refledion fur fes penfées. 20

Mais pendant que noftre ame eft iointe au corps, cette amour raifonnable eft ordinairement accom- pagnée de l'autre, qu'on peut nommer fenfuelle ou fenfitiue, & qui, comme i'ay fommaircment dit de toutes les pallions, apetits & fentimens, en la page 2 5 461 de mes Principes lVançois\ n'eft autre chofe qu'vne penfée confufe excitée en lame par quelque

a. Art. 189 et 190 de la 4" partie. Descartes avait-il déjà la traduction française des Prin<-iycs: J Ou bien Clerselicr a-t il corrigé ici le texte, en mettant une indication qui se rapporte à cette traduction?— En tout cas, Descartes n'avait pus encore la traduction française des Méditations (voir ci-après, tin de la lettre CDLXXII.de mais 1647I.

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