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S36-237. Quatrièmes Réponses. 183

d'effence, ert tres-pofitiiie, pour cela i'ay dit que la raifon ou la caufe pour laquelle Dieu n'a pas befoin de caufe, eft pofiliue. Ce qui ne fe pouroit dire en mefme façon d'aucune chofe finie, encore qu'elle fuft tres-parfaite en fon genre.

Car fi on difoit qu'aucune ' fuft par foy, cela ne pouroit eftre entendu que d'vne façon negatiue, d'autant qu'il feroit impoffible d'aporter aucune raifon, qui fuft tirée de la nature pofitiue de cette chofe, pour laquelle nous deuflions conceuoir qu'elle n'auroit pas befoin de caufe efficiente.

Et ainfi, en tous les autres endroits, i'ay tellement comparé la caufe formelle, ou la raifon prife de l'effence de Dieu, pour laquelle il n'a pas befoin de caufe pour exifter ny pour eftre conferué, auec la caufe efficiente, fans laquelle les chofes finies ne peuuent exifter, que partout il eft aifé de connoiftre, de mes propres termes, qu'elle eft tout à fait différente de | la caufe efficiente. 314

Et il ne fe trouuera point d'endroit, où i'aye dit que Dieu fe con- ferué par vne influence pofitiue, ainfi que les chofes créées font con- feruées par luy, |mais bien feulement ay-ie dit que l'immenfité de fa puiffance ou de fon effence, qui eft la caufe pourquoy il n'a pas befoin de conferuateur, eft vne chofe pofitiue.

Et partant, ie puis facilement admettre tout ce que M. Arnauld aporte pour prouuer que Dieu n'eft pas la caufe efficiente de foy- mefme, & qu'il ne fe conferué pas par aucune influence pofitiue, ou bien par vne continuelle reproduction de foy-mefme, qui eft tout ce que l'on peut inférer de fes raifons.

Mais il ne niera pas auffi, comme i'efpere, que cette immenfité de puiffance, qui fait que Dieu n'a pas befoin de caufe pour exifter, eft en luy vne chok pojitiue, & que dans toutes les autres chofes on ne peut rien conceuoir de femblable, qui foit pqfitif, à raifon de quoy elles n'ayent pas befoin de caufe efficiente pour exifter; ce que i'ay feulement voulu fignifier, lorfque i'ay dit qu'aucune chofe ne pouuoit eftre conceuë exifter par foy que negatiuement, hormis Dieu feul; & ie n'ay pas eu befoin de rien auancer dauantage, pour répondre à la difficulté qui m'eftoit propofée.

Mais d'autant que M. Arnauld m'auertit icy fi ferieufement qu'il y aura peu de Théologiens qui ne s'offen \fent de cette propofition, à 315 fçauoir, que Dieu ejl par foy pofitiuement & comme par vne caufe, ie diray icy la raifon pourquoy cette façon de parler eft, à moïi auis,

a. « aucune », sic à Verrata de la i" édition. Celle-ci donnait « vne telle chofe » ; la 2« et la 3», " vne chofe finie ».

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