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iço OEuvREs DE Descartes. 246-247.

diftindion des chofes que nous conccuons en effet fort clairement,

326 d'auec celles que | nous nous reffouuenons d'auoir autrefois fort clairement conceués.

Car, premièrement, nous fommes affurez que Dieu exiile, pource que nous preftons noftre attention aux raifons qui nous prouuent fon exiftence ; mais après cela, il fuffit que nous nous reffouuenions d'auoir conceu vne chofe clairement, pour élire affurez qu'elle eft vraye : ce qui ne fuffiroitpas, fi nous ne fçauions que Dieu exifte & qu'il ne peut eftre trompeur.

Pour la queftion fçauoir s'il ne peut y auoir rien dans noftre efprit, en tant qu'il eft vne chofe qui penfe, dont luy-melme n'ait vne actuelle connoiffance, il me femble qu'elle eft fort aifée à refoudre, parce que nous voyons fort bien qu'il n'y a rien en luy, lorlqu'on le confidere de la forte, qui ne Ibit vne penlee, ou qui ne dépende entièrement de la penfée : autrement cela n'apartiendroit pas à l'ef- prit, en tant qu'il eft vne chofe qui penfe ; & il ne peut y auoir en nous aucune penlee, de laquelle, dans le mefme moment qu'elle eft en nous, nous n'ayons vne actuelle connoiffance.

C'eft pourquoy ic ne doute point que l'efprit, aufti-toft qu'il eft infus dans le corps d'vn enfant, ne commence à penfer. & que deflors il ne fçache qu'il penfe, encore qu'il ne fe relibuuicnno pas après de ce qu'il a penle, parce que les efpeces de fes penfées ne demeurent pas empraintes en fa mémoire.

Mais il faut remarquer que nous auons bien vne actuelle connoif-

327 lance des acT;es ou des opérations | de noftre efprit, mais nor pas toufiours de les facultez, fi ce n'eft en puiffance ; en telle forte que, lorfque nous nous difpofons à nous feruir de quelque faculté, tout auffi-toft, fi cette faculté eft en noftre efprit, | nous en acquérons vne aétuelle connoiffance ; c'eft pourquoy nous pouuons alors nier affu- rement qu'elle y foit, fi nous ne pouuons en acquérir cette connoif- fance aâ;uelle.

RÉPONSE

AUX CHOSES QUI PEUVENT ARRESTER

LES THEOLOGIENS

le me fuis opofé aux premières raifons de Monfieur Arnauld, i'ay

'aché de parer aux fécondes, & ie donne entièrement les mains à

elles qui fuiuent, excepté à la dernière, pour raifon de laquelle

efpere qu'il ne me fera pas difficile de faire en forte que luy-mefme

'accommode à mon aduis.

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