Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

}(>

��OEuvREs DE Descartes. -136-437.

��dépendent de Dieu ; car, les genres des caul'es ayant elle ellablis par ceux qui peut-eltre ne penl'oient point à cette raifon de caufalilé, il n'y auroit pas lieu de s'étonner, quand ils ne iuy auroient point donné de nom ; mais neantmoins ils Iuy en ont donné vn, car elle peut eltre apelée efficiente, de la mefme façon que la volonté du Roy peut ell:re dite la caule efficiente de la loy, bien que la loy

377 mefme ne foit pas vn eltre naturel, mais | feulement (comme ils difent en l'Efcole) vn eflre moral. Il ell aufTi inutile de demander comment Dieu eult peu faire de toute éternité que deux fois 4 n'eulient pas elté 8, ikc, car i'auouë bien que nous ne pouuons pas comprendre cela; mais, puifque d'vn autre colté ie comprens fort bien que rien ne peut exilter, en quelque genre d'eftre que ce foit, qui ne dépende de Dieu, & qu'il Iuy a efté très-facile d'ordonner tellement certaines chofes que les hommes ne peuffent pas com- prendre qu'elles euffent peu eltre autrement qu'elles font, ce feroit vne chofe tout à fait contraire Via raifon, de douter des chofes que nous comprenons fort bien, à caufe de quelques autres que nous ne comprenons pas, & que nous ne voyons point que nous deuions comprendre. Ainfi donc il ne faut pas penfer que les l'erilc^ éter- nelles dépendent de l'entendement humain, ou de l'exijlence des chofes, mais feulement de la volonté de Dieu, qui, comme vn fouuerain legiflateur, les a ordonnées & eilablies de toute éternité.

g. Pour bien comprendre quelle eft la certitude du fens, il faut diitinguer en Iuy trois fortes de degrez. Dans le premier, on ne doit confiderer autre chofe que ce que les obiets extérieurs caufent immédiatement dans l'organe corporel ; ce qui ne peut élire autre chofe que le mouuement des particules de cet | organe, & le chan-* gement de figure & de fituation qui prouient de ce mouuement. Le

378 felcond contient tout ce qui refulte immédiatement en l'efprit, de ce qu'il eft vny à l'organe corporel ainll meu & difpofé par fes obiets; & tels font les fentimens de la douleur, du chatouillement, de la faim, de la foif, des couleurs, des fons, des faneurs, des odeurs, du chaud, du froid, & autres femblables, que nous auons dit, dans la fixiéme Méditation, prx)uenir de l'vnion & pour ainfi dire du mélange de l'efprit auec le corps. Et enfin, le troifiéme comprend tous les iugemens que nous auons coutume de faire depuis" noftre ieunelfe, touchant les chofes qui font autour de nous, à l'occafion des impreffions, ou mouuemens, qui fe font dans les organes de nos fens. Par exemple, lorfque ie voy vn bâton, il ne faut pas s'imaginer qu'il forte de Iuy de petites images voltigeantes par l'air, apelées vulgairement des efpeccs intentionelles, qui paffent

�� �