Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/550

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2^2 OEuVRES DE DeSCARTES.

��f)3. Pourqiioy, lors qu'on jette de l'eau fur de la chaux vitie, & générale- ment, lors que deux corps de diuerfe nature font mejle\enj'emble, cela excite en eux de la chaleur.

En mefme façon nous pouuons penler que, lors qu'on cuit de la chaux, l'adion du feu chaffe quelques-vues des parties du troijieme elcment, qui fou l dans les pierres dont elle Je fait : ce qui ejl caufe que plufieuVs des pores qui elloient en ces pierres s'élargiffent jufqucs à telle inclure, qu'au lieu qu'ils ne pouuoient auparauant donner paf- lagc qu'au fécond élément, ils peuuent par après, lors qu'elles fout conuerlies en chaux, le donner aux parties de l'eau, cnuironnées de 366 quelque peu de la matière du premier | élément. En fuite de quoj- il ejl éuidenl que, lors qu'on jette de l'eau fur cette chaux, les parties de cette eau, entrant en fes pores, en chaffent le fécond élément, £• y demeurent feules auec le premier, lequel, augmentant leur agitation, échauffe la chaux. Et afin que j'acheue en peu de mots tout ce que j'a}' à dire fur ce fujet, je croj' généralement, de tous les corps... qui peuuent eflre échauffez par le feul meflange de quelque liqueur, que cela vient de ce que ces corps ont des pores de telle grandeur, que les parties de cette liqueur peuuent entrer dedans, en chaffer le fécond élément, & n'y demeurer enuironnées que du premier. le croy aulli que c'ell la mefme raifon qui fait échauffer diuerfes liqueurs, lors qu'on les nielle l'vnc auec l'autre : car touf-jours l'vne de ces liqueurs efl compofée de parties qui ont quelques petites branches, par le moyen defquelles fe joignant & s'accrochant quelque peu les vnes aux autres, elles font l'office d'vn corps dur. Et cecy peut mefme eftre entendu des exhalaifons, fuiuant ce qui a tantoft efté dit'.

g 4. Comment le feu peut ejlre allumé dans les concauite^ de la Terre.

Au reite, le feu peut eftre allumé en toutes les façons qui vien- nent d'eftre expliquées, non feulement fur la fuperficie de la Terre, mais aufll dans les concauitez qui font au dejfous. Car il peut y auoir des efprits... qui, fe glilTant entre les | parties des exhalaifons..., les enflament ; & il y a des pièces" de rochers... demy-rompuës, qui, eltant minées peu à peu par le cours des eaux ou par d'autres caufes, peuuent tomber tout à coup du haut de ces concauitez, &

a. Art. 89, p. 248.

b. Lire ; pierres? comme quatre lignes après : d'autres pierres.

��367

�� �