Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/541

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Additions. 527

��» au£c l'obscurité qu'il a faict, et i'ay résolu, lorsque i'auray quelque » loisir, d'escrire l'esclaircissement de toutes les difficultés qui y sont ; » car ceste Introduction que vous m'aués enuoyé ne suffist pas, d'aultant » qu'elle ne contient guère que ce qui est de la commune cognoissance de » ceux qui entendent l'Algèbre : qui a la vérité est très bien et nécessaire » a ceux la qui ne l'entendent pas, mais il falloit aller vn peu plus loing » sur les matières qui sont nouuelles et les plus difficiles, et en mettre » clairement les démonstrations. »

« le reuiens a Galilée. Vous aués a considérer que, quoyque les expe- » rimens ne respondent pas a ses propositions, on ne peult pas l'accuser, j) d'aultant qu'il faict abstraction des empeschemens extérieurs, dont le » meilleu* en est vn. Il est vray qu'il en faict trop peu de compte, quoy- » qu'il soit extrêmement considérable, et altère, de beaucoup plus qu'il » ne pense, les proportions de ses propositions, si on le considère. Et » mesmes il en a de la crainte, lorsqu'il a voulu séparer, dans les pro- » iections, celle de l'artillerie. »

« Pour le poinct d'esgalité, vous remarquerés, s'il vous plaist, que lors- » qu'on prouue que le mobile tombant va acquérant les degrés de sa ve- » locité en mesme proportion que les temps de la cheutte, on suppose » qu'il retienne etconserue tousiours ceux qu'il a acquis. Mais, lorsqu'on r> considère le meilleu, cela ne peult pasestre; car il les diminue, a la » façon qu'vne boule roulant sur vn plan horizontal iroit perdant sa velo- » cité, a cause de l'empeschement de l'air et du plan qui agissent sem- » blablement ; et, par conséquence, d'aultant que tant plus la vélocité est » grande, plus le mobile parcourt vn grand espace, et ainsi perd plus de » sa vélocité acquise, les temps égaux la produisant tousiours également, » et la résistance la destruisant de plus en plus a mesure que la vélocité j) est plus grande, il arriue enfin que, la vélocité estant paruenue a certain » degré, l'empeschement de l'air en destruict aultant de l'acquise en » mesme temps que le mobile en acquiert par sa grauité. Et ainsi le » mobile se doibt conseruer dans vn mouvement égal, comme il est aisé » d'expérimenter dans ces rostissoirs faicis comme des horloges. Car les » mesmes raisons d'accélération s'y trouuent, et des empeschements, sça- » uoir l'air et les aultres, qui agissent semblablement. »

« Voila le fondement du poinct d'égalité; mais les aplications requièrent » plusieurs démonstrations géométriques et lemmes, qui seroient longs a » mettre en quelque ordre et transcrire. Vous serés neantmoins le pre- » mier qui les verres. Ces choses supposées, si le mobile part d'vn canon » auec vne plus grande vélocité que celle qu'il peult acquérir en descen- » dant par sa propre grauité, ceste vélocité sera bien restraincte par deux » causes, sçauoir l'action de sa grauité et la résistance de l'air. Mais lors- » qu'il descendra, son mouuement ne sera pas semblable a celuy par » lequel il est monté; et pour bien vous esclaircir ce poinct, lorsqu'il part

��a. C'est ainsi que Debeaune parait écrire milieu.

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