Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, X.djvu/196

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(En marge : A malo Spiritu ad Templum propellebar.)

« C’eſt pourquoy Dieu ne permit pas qu’il avançât plus loin, & qu’il ſe laiſſàt emporter, même en un lieu ſaint, par un Eſprit qu’il n’avoit pas envoyé : quoy qu’il fût trés-perſuadé que c’eût été l’Eſprit de Dieu qui luy avoit fait faire les prémiéres démarches vers cette Eglise. L’épouvante dont il fut frappé dans le ſecond ſonge, marquoit, à ſon ſens, ſa ſyndérêſe, c’eſt-à-dire, les remords de ſa conſcience touchant les péchez qu’il pouvoit avoir commis pendant le cours de ſa vie juſqu’alors. La foudre dont il entendit l’éclat, étoit le ſignal de l’Eſprit de Vérité qui deſcendoit ſur luy pour le poſſéder. »

« Cette dernière imagination tenoit aſſurément quelque choſe de l’Enthouſiaſme ; & elle nous porteroit volontiers à croire que M. Deſcartes auroit bû le ſoir avant de ſe coucher. En effet, c’étoit la veille de ſaint MartinErreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu., au ſoir de laquelle on avoit coûtume de faire la débauche au lieu où il étoit, comme en France. Mais il nous aſſure qu’il avoit paſſé le ſoir & toute la journée dans une grande ſobriété, & qu’il y avoit trois mois entiers qu’il n’avoit bû de vinErreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu.. Il ajoute que le Génie qui excitoit en luy l’enthoufiafme » dont il fe fentoit le cerveau échauffé depuis quelques jours, luy » avoit prédit ces fonges avant que de fe mettre au lit, & que l’efprit » humain n’y avoit aucune part. »

« Quoy qu’il en foit, l’imprelTion qui luy relta de ces agitations, » luy fit faire le lendemain diverfes réflexions fur le parti qu’il dcvoit » prendre. L’embarras, où il fe trouva, le fit recourir à Dieu, pour » le prier de luy faire connoître fa volonté, de vouloir l’éclairer, & » le conduire dans la recherche de la vérité. Il s’adreffa enfuite à » la fainte Vierge, pour luy recommander cette affaire, qu’il jugeoit » la plus importante de fa vie. Et p(t)ur tacher d’intérefler cette » bien-heureufe Mère de Dieu d’une manière plus prelîahtc, il » prit I occafion du voyage qu’il méditoit en Italie dans peu de » jours, pour former le vœu d’un pèlerinage à Nôtre-Dame de Lo » rette. [En marge : Olympic. Cartes, utfupr.) Son zèle alloit encore » plus loin, & luy fit promettre que, dès qu’il feroit à Venife, il fe met a. La fête de Saint-Martin tombe, en effet, le 1 1 novembre, et ces songes seraient de la nuit du lo au 1 1. Voir ci-avant, p. 179.

b. Trois mois entiers, avant cette date du 1 1 novembre, nous reportent aux fêtes du couronnement de l’empereur Ferdinand, lesquelles eurent lieu à Francfort, du 28 juillet au 9 septembre 1619. Descartes nous dit lui-même qu’il y assista. (Voir t. VI de cette édition, p. 11, 1. 6.)

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