Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/312

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Ce ne fut pas seulement du côté de la France, que Descartes eut des querelles mathématiques ; ce fut aussi en Hollande même. Les géomètres de Paris avaient suscité contre lui comme champion Fermat de Toulouse. A La Haye, il en surgit un autre, de lui-même, Stampioen de Jonge, tout jeune encore, puisqu’il était né en 1610. Mais il passait, de l’aveu de Descartes, pour le plus savant de ceux qui enseignaient les mathématiques aux Pays-Bas[1] ; et plus tard, en 1644, c’est à lui que s’adressera Huygens pour instruire dans cette science ses fils[2], dont l’un devait être le grand Huygens. Il fallait bien, en effet, que Stampioen eût une certaine notoriété. On ne s’expliquerait pas sans cela que Descartes prit tant à cœur, comme nous allons voir, son affaire avec lui, au point de s’en occuper toute une année[3], payant lui-même de sa personne comme si ce n’était pas un autre qui y fût d’abord engagé, faisant intervenir ses amis[4] au risque de les importuner, sacrifiant même un voyage en France qu’il avait projeté pour cet été de 1640[5], et faisant craindre ensuite à plusieurs

  1. Tome III, p. 5, l. 4-5. Descartes fait d’ailleurs, quant à lui, les plus fortes restrictions.
  2. Pourtant Huygens, lui-même, est assez sévère pour Stampioen (comme homme, il est vrai, et non comme mathématicien), dans une lettre à Descartes, du 28 déc. 1639 : t. II, p. 639-641.
  3. D’octobre 1639 (et peut-être même plus tôt), jusqu’en octobre 1640. Tome II, p. 611-613, et t. III, p. 16, et p. 200, note b.
  4. Huygens, Golius, Pollot, Wilhem. Lettres du 28 déc. 1639, du 3 avril, 7 mai, 14 août, 17 août et 5 oct. 1640 : t. II, p. 639-641, et t. III, p. 56, 62, 150, 154 et 199.
  5. « l’ay eu deſſein de faire vn tour cet eſté en France », 30 juillet 1640. (Tome III, p. 127, l. 1-2.) « Dans cinq ou ſix ſemaines », et pour « affaires domeſtiques », juillet 1640. (Pages 103-104.) Huygens proteste, craignant qu’il ne revînt plus, 14 août, et Descartes lui promet de revenir. (Pages 152-153, et p. 158-159.) « Ie ne perds pas encore le deſſein de paſſer en France, & i’eſpere que l’hiuer ne m’en empeſchera point ; mais ie ne partiray pas encore de ſix ſemaines », 15 sept. (Page 178, l. 2-5.) Finalement, il y renonce : « ie ne feray point encore mon voyaſge pour cet hyuer », 30 sept. 1640. (Page 185, l. 1-2.) — Notons un passage curieux de la réponse à la lettre de Huygens, du 14 août 1640 : me prenez-vous pour une dera beſtia, dit Descartes ? « Car (ajoute-t-il) c’eſt