Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5
La Famille.

maternel du philosophe, était lieutenant général du présidial de Poitiers ; il vécut donc en cette ville, et y mourut, le 28 juillet 1586 ; il fut inhumé, le 8 août, dans l’église Sainte-Opportune. Son père également, Aymé Brochard, y avait été déjà inhumé le 24 juin 1533 ; il était en son vivant conservateur des privilèges de l’Université de Poitiers[1].

Quant à la mère de Jeanne Brochard, ou la grand-mère maternelle de Descartes, Jeanne Sain, elle s’était retirée à La Haye après la mort de son mari en 1586, et peut-être même avant ; car elle est mentionnée dans un acte du 10 janvier 1578 comme « femme séparée d’avec Me René Brochard[2] ». Un acte de baptême du 12 octobre 1588, à La Haye, la désigne sous le titre qu’elle avait du vivant de son mari : Madame, ou plutôt, suivant l’usage du temps, « Mademoiselle la Lieutenante de Poitou[3] ». Mais on a retrouvé l’origine de la famille Sain[4], et ceci nous ramène encore à Châtellerault. Le père de Jeanne Sain, de son nom Claude Sain, habitait Orléans, où il exerçait la profession de marchand ; mais il était né à Châtellerault, d’un père déjà aussi marchand, Mathurin Sain ; et il avait un frère aîné, qui resta dans cette même ville, comme contrôleur des tailles, Pierre Sain. Un fils de celui-ci, marchand d’abord, lui succéda en sa charge de contrôleur, et ne quitta pas non plus Châtellerault ; il s’appelait Jean Sain. Ce fut sa femme Jeanne Proust, que l’on choisit pour être marraine au baptême de René Descartes, petit-fils de leur cousine germaine, Jeanne Sain, donc leur petit-neveu, si l’on prolonge d’un degré la parenté, comme c’est assez l’usage. L’enfant n’eut qu’une marraine, mais il eut deux parrains : son oncle René Brochard, sieur des Fontaines, frère de sa mère ; puis l’un des nombreux frères de sa grand-mère paternelle, et son grand-oncle à lui, Michel Ferrand, lieutenant général du roi à Châtellerault[5].

  1. Barbier Société Antiquaires Ouest t. VIII, 1901, p. 631.
  2. Grandmaison, bibl. École des Chartes, t. LX, 1899, p. 453-454.
  3. Ibid., p. 451 : 19 janv. 1597.
  4. Barbier, loc. cit., p. 621-622
  5. Voir ci-avant, p. 2, note b.