Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/487

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Voyages en France. 44^

Descartes, nous l'avons vu, parmi les notions claires et distinctes. Et une fois encore la question se pose : lorsque notre philosophe distinguait avec tant de soin trois sortes de notions, celle de l'étendue seule, celle de la pensée seule, et celle de leur union, ou de l'union de l'âme et du corps *, lorsqu'il revenait sur cette distinction avec une insistance qu'on a peine à comprendre aujourd'hui, et oii l'on croit voir comme une survivance inexplicable delà Scolastique : que prétendait- il faire ? Réserver sans doute par ce subterfuge les droits de la réalité. Mais peut-être aussi se promettait-il d'expliquer à la fois cette union qui compose tout l'homme, à savoir celle du corps humain et de l'âme humaine, et en outre, sur ce modèle, l'union du corps et de l'âme de Jésus-Christ dans l'Eucharistie.

Il ne se serait pas adressé, pour une telle confidence, à un inconnu. Il était donc entré en relations personnelles avec le P. Mesland pendant son voyage en France\ Encore lui recom- mande-t-il le secret, et sans doute celui-ci l'aurait volontiers gardé ; mais sa conscience de religieux lui faisait aussi un devoir de tout dire à ses supérieurs. Toujours est-il qu'il fut éloigné, pour ne pas dire exile , de France et même d'Europe, sans retour. A la mort de Descartes, Clerselier retrouva dans ses papiers les minutes des lettres au P. Mesland, et n'osa pas les imprimer. II en laissa seulement prendre copie ; on se passa de main en main, sous le manteau, cette explication du Saint- Sacrement, faite surtout pour des théo- logiens, et des théologiens catholiques. Notre philosophe s'était cru obligé de leur donner satisfaction, et de les désarmer ainsi par avance. Précaution bien inutile : en 1670, l'arche- vêque de Paris préférait encore le silence sur cette question ; et plus tard un Jésuite, le P. Valois, incriminait les sentiments

a. Voir ci-avant, pp. 141-142, 35 1-352, 394-395, et surtout p. 41 1-41 3.

b. O. Hamelin, L'union de l'âme et du corps d'après Descartes. (L'Année philosophique de F. Pillon, Paris, Alcan, ipoS, p. 39-50.)

c. Tome IV, p. 110-120, p. i65, i. 19 et 1. 23-28, et p. 216, 1. 12-22.

d. Voir pour ce qui suit, t. IV, p. 170-172.

�� �