Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/578

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')}6 Vie de Descartes.

Par une curiosité bien naturelle, et aussi afin de faire plaisir à son hôte, elle ne manqua pas de lui parler de la prin- cesse palatine. Descartes s'empressa d'en informer Elisabeth, le 9 octobre ^ ; le même jour, il rendit compte des deux audiences à ses amis de Hollande et de France. Puis, pendant un mois ou six semaines, la reine paraît l'avoir laissé tranquille. C'était peut-être, de sa part, une attention déli- cate, pour lui donner le temps de se reconnaître et de prendre des habitudes nouvelles ^ Peut-être aussi, comme elle était sûre maintenant d'avoir toujours sous la main, quand elle voudrait, son philosophe, elle n'était pas autrement pressée de se mettre elle-même à l'étude de la philosophie.

Dès le premier jour, Descartes avait fait deux consta- tations qui n'étaient point pour lui plaire. D'abord, on ne pouvait savoir si la jeune reine aurait ou non le goût de la philosophie : elle n'en avait jamais fait, et Chanut, sans que peut-être il en ait eu conscience, avait là-dessus trompé notre philosophe. Par contre, Christine était « extrêmement portée » à l'étude des lettres », entendez par là les lettres anciennes, la philologie : ne voulait-elle pas faire venir aussi Sau- maise '^ ? Soit pour cette double raison, soit pour une autre

a. Tome V, p. 429-431.

b. Ibid., p. 432-433 (lettre à Picot), et p. 433-434 (à Brassât).

c. Ibid., p. 433, note^M.

d. Ibid., p, 43o, 1. 4-7. Brasset écrivait à La Thuillerie, le 5 octobre 1649 : « Il (Saumaise] eft fort efbranlé pour faire vue promenade en Suéde, » y ayant elle conuic trop ciuilement par cette fvauante Reyne pour l'en » refufer. » [Bibl. Nat., MS. fr. 17901, p. 684.) A propos de Saumaise, Conrart écrira le 2 avril i65o, à Rivet : « Je ne fay fi la mort de M. des » Cartes ne le dégouftera pas du voyage de Suéde. C'ell une perte pour » les bonnes lettres, que celui-cy n'en loit pas revenu; & c'en fcroit une » beaucoup plus grande, que l'autre y denieuraft. » Et dans la même lettre, à propos d'un M. Blondel, qui allait partir pour Amsterdam : « La » Hollande nous enlevé tous nos grands hommes; & certes, quoyquc la » France en fût digne par beaucoup de grandes raifons, au moins ne leur » cll-elle plus un lejour utile ni agréable depuis les confulions dont elle » ell remplie & les miieres qui l'accablent. » (Page 540, Valentin Conrart, par René Kerviler et Ed. de Barthélémy, in-8, Didier, 1881.)

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