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nation et les sens par les cérémonies du culte ; et Descartes prit peut-être à La Flèche le goût de la musique et des chants. Surtout ils étaient habiles à enserrer l’âme comme dans un réseau d’habitudes de piété : non seulement leurs écoliers formaient de petites académies pour leurs études, une de grammairiens, une autre d’humanistes, une enfin de philosophes ; mais ils en avaient une encore, plus générale, sous l’invocation de la Vierge, et c’était une véritable confrérie religieuse[1]. Elle eut à La Flèche un ardent promoteur en la personne du P François Véron ; et sans doute Descartes, comme ses camarades, ne manqua pas de s’y affilier. Plus tard il revoyait en rêve (dans ce même rêve qu’il prit la peine de raconter) la chapelle de son collège, et aussitôt il y entrait pour faire sa prière[2]. Plus tard encore, il intervint une fois dans une querelle de ministres protestants en Hollande, et ce fut, coïncidence curieuse, pour prendre la défense d’une confrérie à Bois-le-Duc, justement une confrérie de Notre-Dame[3]. Bien plus, en 1619 (et pourtant il était dans sa vingt-quatrième année), un jour ou plutôt une nuit, en se réveillant toujours du même rêve, il avait fait vœu d’aller à Lorette, centre de dévotion des catholiques romains[4]. Un petit livre, publié en 1604 par un Jésuite, le P. Richeome, recommandait ce pèlerinage. Le

  1. Rochemonteix, t. IV, p. 160, note. Extrait du Ratio studiorum :

    « Academiæ nomine intelligimus cœtum studiosorum ex omnibus scolasticis delectum, qui aliquo ex nostris præfecto conveniunt ut peculiares quasdam habeant exercitationes ad studia pertinentes. »

    « Hoc ex numero omnes censentur, qui sunt ex congregatione B. Virginis… »

    « Academicos pieiate, diligentiâ in studiis, & scolarum legibus servandis, exemple esse oportet. »

    « In unam Academiam theologi et philosophi ſere convenire poterunt ; in alteram rhetores & humanistæ ; in tertiam grammatici… »

    « Magistratus secretis suffragiis eligentur : hi ferme erunt : academiæ rector, duo consiliarii & unus secretarius. »

    Voir, pour le P. Véron, p. 23 ci-avant, note a.

  2. Tome X, p. 181-182 : nuit du 10 novembre 1619.
  3. Tome VIII, 2e partie, p. 64-107.
  4. Tome X, p. 186-188.