Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/630

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)66 Vie de Descartes.

~» terrer le corps du défunt dans le Barnhuufy, qui ëtoit le cimetière » de l'Hôpital des Orphelins, & qui éloit fitué dans le faux-bourg )i appelle Nord-Malme. On prétend que c étoit aufli le cimetière des » étrangers, & furtout de ceux qui n'étoient pas de la religion du » pais, comme des Catholiques, des Calviniftes, & des Sociniens ; 'I & qu'il y avoit aulTi un endroit dans le même enclôt deftinc pour » les enfans morts avant l'ulagc de la rail'on. L'on y a bâti depuis » une Eglife du titre de faim Olai'is; & cette Eglile eft maintenant » un fecours de la paroilfe de l'ainte Claire, qui étoit du tèms des » Catholiques un couvent de Religieufes de fainte Claire dans le )) faux-bourg du Nord. La Reine parut furprife de ce choix, & elle » demanda par quel motif on vouloit mettre un mort de cette » conféquence repofer parmi des Orphelins & des Enfans ? M. Belin » répliqua [Rélat. Mf. de M. Belin] que M. l'Ambaffadeur, quoique » perfuadé que le corps d'un Prédefliné efl en fureté par tout où il » plait à Dieu de le garder pour la réfurredioh, auroit voulu donner » aux parens & aux amis du défunt, & généralement à tou.s les » Catholiques vivans, la confolation de voir un des membres de » leur Eglife placé parmi d'autres Prédeftinez, félon l'opinion où » nous fommes, que tout enfant baptifé au nom de la fainte Trinité » eft i'auvé par les mérites de Jefu.s-Chriil, lors qu'il meurt avant » i'ufage de fa raifon au milieu des Proteftans même, & des autres » fociétez féparées de nous. La Reine parut goûter ce raifonnement; )) & fur ce que M. Belin ajouta, que M. l'Ambaffadeur avoit deifein » de venir après midi au Palais faluër fa Majefté, elle remit à déli- » bérer de cette affaire avec luy. »

« M. rAmbafl'adeùr,~qui n'avoit pas encore recouvré affez | de » forces pour écrire de fa main, dida une longue lettre adreffée à » M. Picot [Lettre Mf. de Chanut à Picot, du 1 1 février i6So], poun » informer les amis & les parens de feu M. Defcartes en France, » de toutes les circonflances de fa maladie & de fa mort. Enfuite il » envoya quérir le fieur Valari, Peintre de Mets [il étoit fils de » Peintre — & il a vécu trente ans en Suéde], qui avoit été au-para- « vant Frère fervant,'& qui s'étoit habitué à la Cour de Suéd^-. Il » luy fit mouler le vifage du défunt, premièrement en cire, puis » en plâtre. Il n'étoit point encore forti depuis fa maladie, & félon » le fentiment des Médecins il luy étoit dangereux de prendre l'air » fi-tôt. Mais le defir de fe confoler avec la Reine (car l'on fçait qu'il » étoit fur ce pied auprès d'elle, qu'il étoit fon diredeur, qu'il avoit » fa confiance pour fa conduite intérieure, jufqu'à fe voir l'unique » dépofitaire du fécret de l'abdication de la couronne, qu'elle ne fit

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