séjour en Hollande, il se fit appeler M. du Perron : les lettres pour lui, que nous avons de cette période, ne portent point d’autre adresse[1]. Le Perron était un petit fief du Poitou, qui lui venait de sa grand’tante, dame d’Archangé[2]. De même son aîné, Pierre Descartes, s’appela du nom d’un autre fief, M. de la Bretaillère. Plus tard, lorsque notre philosophe fut connu sous le nom de Descartes simplement (encore écrivait-on et imprimait-on M. des Cartes, en deux mots), on se souvenait toujours de cette première appellation ; lui-même l’employait encore, dans ses réclamations au « Magistrat » d’Utrecht en 1643[3] ; et elle reparaît dans le médaillon que Schooten dessina en 1644 : Perronij toparcha ; mais Descartes défendit de le publier, ayant, dit-il alors, toutes sortes de titres en aversion[4].
Combien dura ce premier séjour en Hollande ? Le journal de Beeckman, nous donne deux dates extrêmes : le 29 avril 1619, Descartes s’embarqua à Amsterdam pour quitter la Hollande ; le 10 novembre 1618, avait eu lieu sa première rencontre avec Beeckman à Bréda[5]. Descartes ne faisait-il que d’arriver en cette ville, ou bien s’y trouvait-il depuis quelque temps déjà ? On ne sait pas. Un texte postérieur, et assez sujet à caution, parle bien d’un séjour de quinze mois à Bréda[6] ; Descartes serait parti pour la Hollande en janvier 1618, ou même décembre 1617, ce qui est un peu tôt et surtout à une saison bien peu favorables[7]. Il se mit en route probablement l’été de 1618 et par la voie de terre, ce semble, plutôt que par mer : en janvier 1619, il se félicite d’avoir bien supporté une petite traversée, la
- ↑ Tome X, p. 60, 62, 63, et surtout p. 153, 160, 161, 164, 166, 169, et enfin p. 331.
- ↑ Acte du 27 mars 1607, p. p. Alfred Barbier : Bull. Soc. Ant. Ouest, t. VIII, 2e série, 1901, p. 626.
- ↑ Tome IV, p. 12-13 : lettre du 6 juillet 1643.
- ↑ Tome V, p. 338, l. 14-18 : lettre à Schooten, 9 avril 1649.
- ↑ Tome X, p. 46, et p. 165, l. 24.
- ↑ Ibid., p. 646.
- ↑ Le 3 décembre 1617, Descartes était encore à Sucé, près de Nantes. En mars et avril 1618, furent remplies les formalités de nomination de son frère aîné comme conseiller au Parlement de Rennes.