Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/123

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leur parti et, l’employant à combattre contre elle-meſme, mettent l’ame au plus déplorable état qu’elle puiſſe eſtre. Ainſi, lors que la peur repréſente la mort comme un mal extreſme & qui ne peut eſtre évité que par la fuite, ſi l’ambition, d’autre coſté, repréſente l’infamie de cette fuite comme un mal pire que la mort ; ces deux paſſions agitent diverſement la volonté, laquelle obéiſſant tantoſt à l’une, tantoſt à l’autre, s’oppoſe continuellement à ſoy-meſme, & ainſi rend l’ame eſclave & malheureuſe.


Art. 49. Que la force de l’ame ne ſuffit pas ſans la connaiſſance de la vérité.

Il eſt vrai qu’il y a fort peu d’hommes ſi faibles & irréſolus qu’ils ne veulent rien que ce que leur paſſion leur dicte. La plupart