Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/180

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Comment elles peuvent auſſi eſtre excitées par des biens & des maux que l’ame ne remarque point, encore qu’ils luy appartiennent ; comme ſont le plaiſir qu’on prend à ſe haſarder ou à ſe ſouvenir du mal paſſé.

Ainſi le plaiſir que prennent ſouvent les jeunes gens à entreprendre des choſes difficyles & à s’expoſer à de grands périls, encore meſme qu’ils n’en eſpèrent aucun profit ni aucune gloire, vient en eux de ce que la penſée qu’ils ont que ce qu’ils entreprennent eſt difficyle foit une impreſſion dans leur cerveau, qui étant jointe avec celle qu’ils pourraient former s’ils penſaient que c’eſt un bien de ſe ſentir aſſez courageux, aſſez heureux, aſſez adroit ou aſſez fort pour oſer ſe haſarder à tel point, eſt cauſe qu’ils y prennent plaiſir.