Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que chacun d’eux ne peut eſtre aperçu ſéparément, bien que ce qui réſulte de leur conjonction ſoyt fort aiſé à remarquer. On peut dire quaſi le meſme des actions du viſage qui accompagnent auſſi les paſſions ; car, bien qu’elles ſoyent plus grandes que celles des yeux, il eſt toutefois malaiſé de les diſtinguer, & elles ſont ſi peu différentes qu’il y a des hommes qui font preſque la meſme mine lorſqu’ils pleurent que les autres lorſqu’ils rient. Il eſt vrai qu’il y en a quelques-unes qui ſont aſſez remarquables, comme ſont les rides du front, en la colère, & certains mouvemens du nez & des lèvres en l’indignation & en la moquerie ; mais elles ne ſemblent pas tant eſtre naturelles que volontaires. Et généralement toutes les actions, tant du viſage que des yeux, peuvent eſtre changées par l’ame lors que, voulant cacher ſa paſſion,