Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/226

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car ces deux paſſions jointes enſemble envoient beaucoup de ſang à leur cœur, & de là beaucoup de vapeurs à leurs yeux ; & l’agitation de ces vapeurs eſt tellement retardée par la froideur de leur naturel, qu’elles ſe convertiſſent aiſément en larmes, encore qu’aucune triſteſſe n’ait précédé. Que ſi quelques vieillards pleurent auſſi fort aiſément de facherie, ce n’eſt pas tant le tempérament de leur corps que celuy de leur eſprit qui les y diſpoſe. Et cela n’arrive qu’à ceux qui ſont ſi faibles qu’ils ſe laiſſent entièrement ſurmonter par de petits ſujets de douleur, de crainte ou de pitié. Le meſme arrive aux enfants, leſquels ne pleurent guère de joie, mais bien plus de triſteſſe, meſme quand elle n’eſt point accompagnée d’amour. Car ils ont toujours aſſez de ſang pour produire beaucoup de vapeurs ; le