Page:Descartes - Les Principes de la philosophie, éd. 1647.djvu/223

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J'écrirai soit seulement pris pour une hypothèse laquelle est peut-être dort éloignée de la vérité; mais encore que cela fut je croirai avoir beaucoup fait si toutes les choses qui en seront déduites sont entièrement conformes aux expériences, car si cela se trouve elle ne sera pas moins utile à la vie que si elle était vraie pour ce qu'on s'en pourra servir en même façon pour disposer les causes naturelles à produire les effets qu'on désirera. XLV. Que même j'en supposerai ici quelques-unes que je crois fausses. Et tant s'en faut que je veuille qu'on croie toutes les choses que j'écrirai, que même je prétends en proposer ici quelques-unes que je crois absolument être fausses. A savoir je ne doute point que le monde n'ait été créé au commencement avec autant de perfection qu'il en a, en sorte que le Soleil, la Terre, la Lune, les Etoiles ont été dès lors, et que la terre n'a pas eu seulement en soi les semences des plantes, mais que les plantes mêmes en ont couvert une partie, et qu'Adam et Eve n'ont pas été créés enfants, mais en âge d'hommes parfaits. La religion chrétienne veut que nous le croyions ainsi, et la raison naturelle nous persuade absolument cette vérité, pour ce que considérant la toute-puissance de Dieu, nous devons juger que tout ce qu'il a fait a eu dès le commencement toute la perfection qu'il de-