Page:Deschamps, Émile - Œuvres complètes, t5, 1874.djvu/348

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340 OEUVRES D’EMILE DESCHAMPS. plaine de bruyères, pour retourner encore presque immédiate- ment dans le palais du roi. Cette course continuelle d’un lieu à l’autre, que Shakspcare fait faire à l’esprit et aux yeux du spec- tateur, est fatigante et monotone, et l’art est trop sacrifié à une importune réalité. J’ai pensé que le vieux roi, impatient de nou- velles, pourrait s’être rendu lui-même, avec ses fils et sa suite, dans la plaine qui avoisine le champ de bataille, et c’est là qu’il apprend les victoires de Macbeth et qu’il donne ses ordres. Puis il retourne dans sa capitale. De cette manière le premier acte ne nous montre qu’une seule fois la plaine de bruyères et une seule fois le palais de Duncan. 11 me semble que la ccJmposition y gagne plus que la vérité n’y perd. III Page 24. D’où viens-tu donc, ma sœur? De tuer le pourceau... Tout le dialogue des sorcières, dans la première partie de cette scène, est d’un grotesque d’images et d’expressions qui caractérise profondément la différence de ces décrépites et hideuses Parques des nations du Nord avec les Furies de la fable grecque, toujours nobles et belles, jusque dans l’horreur qu’elles inspirent. Les sorcières ne peuvent pas avoir les traits ni le langage des Euménides; Shakspeare l’a parfaitement senti. Toutefois j’avais retranché pour la représentation la plupart de ces détails, plus curieux de style et de mœurs qu’intéressants pour la scène. Si un théâtre voulait représenter cette pièce, il pourrait se servir des arrangements qui suivent : SCÈNE TROISIÈME Las TROIS sonciiîRES, revenant chacune d’un cùté différent. LA PREMIERE SORCIÈRE. D’oîi viens-tu donc, ma sœur? LA DEUXIÈME SORCIÈRE. De consulter l’Esprit. LA TROISIÈME SORCIÈRE. Moi de même. LA DEUXIÈME SORCIÈRE. J’ai lu ce qui n’est pas écrit.