Page:Deschamps, Émile - Œuvres complètes, t5, 1874.djvu/350

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342 OEUVRAS D’EMILE DESCIIAMPS. deux premiers. 11 y a là double bénéfice. Fondre en un seul, quand on le peut sans inconvénient, plusieurs personnages secon- daires est toujours une bonne opération; elle facilite la repré- sentation, simplifie les rouages et corrobore le principe de l’unité, si essentiel dans toutes les parties d’une œuvre drama- tique. C’est une des rares licences que je me suis permises avec Shakspeare, comme l’indique un passage de ma préface. VI Page 31. ... S’il meurt et que je vive Ses fils n’ayant point l’âge... D’après la loi d’Ecosse, ainsi que la chronique le rapporte, la couronne devait revenir de plein droit à Macbeth, en sa qualité de plus proche parent du roi, si ce monarque mourait sans laisser de fils qui eussent l’âge pour régner... et les doux jeunes princes sont en effet mineurs encore au moment de l’action. J’ai ajouté deux vers pour faire ressortir cette circonstance, qui éclaire la situation, et que Shakspeare a négligé de rappeler, sans doute parce qu’elle était trop connue de son public. VII Page 38. Ce château me parait dans un site charmant. Rien de plus gracieux et de plus touchant que cette entrée du vieux roi dans le château d’Inveruess. Duncan s’abandonne aux émotions les plus douces de la nature et de l’amitié, et cette calme sérénité ajoute à la terreur de cette situation et à la pitié des spectateurs, qui savent que le meurtre l’attend dans les foyers de l’hospitalité. J’ai terminé le premier acte sur ce tableau, quoique dans les éditions de Shakspeare il ne se termine qu’après la grande scène où lady Macbeth décide son mari à tuer lui-même le roi. Cette scène, qui fait faire un grand pas à l’action, me parait mieux placée en tète du second acte, beaucoup moins long d ailleurs que le pi-emier. Au surplus, la division des actes, comme on sait, était souvent arbitraire dans les pièces de Shakspeare, et j’ai pu me permettre ce changement qui me plait, sans me croire coupable d’infidélité.