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le siècle de Louis XIV et celui de Voltaire ne sont pas, à beaucoup près, aussi grands ni aussi complets dans la poésie que dans la prose. En effet (mettant toujours à part la poésie dramatique qui fera tout à l’heure l’objet d’un examen spécial), voyons quels monumens impérissables nous ont laissés nos poètes classiques : Voltaire se présente avec ses épîtres philosophiques, un poème héroï-comique qui est un péché mortel et immortel, et toute sa poésie légère ; Boileau avec un poème didactique, un volume de satyres et son admirable Lutrin et La Fontaine, le plus poète de tous, avec ses fables et ses contes. Voilà des genres de poésies dans lesquels trois grands hommes ont donné à la France une incontestable supériorité, et nous admirons sincèrement l’orgueil ou l’humilité de ceux de nos auteurs qui continuent à s’y exercer. Pourquoi courir après des palmes déjà cueillies ? Comment espère-t-on avancer dans une carrière encombrée de chefs-d’œuvre ?

Mais la littérature française des deux derniers siècles est restée fort inférieure à toutes les littératures anciennes et modernes dans trois autres genres ; et fort heureusement pour les poètes du siècle actuel, ces genres sont : l’Épique, le Lyrique et l’Élégiaque, c’est-à-dire, ce qu’il y a de plus