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CONCLUSION

du substantif verbal), aspect extensif (forme composée de l’adjectif verbal). Cette opposition est recoupée, au présent et au passé, par l’opposition du sémelfaclif et de l’itératif (§§ 207 et 212). Dans ce système dominé par l’aspect le rôle du mode apparaît réduit, limité à l’impératif, à l’optatif et à l’emploi modal (conditionnel) du futur secondaire (§§ 158, 159). Il n’y pas place pour l’expression de la voix indépendamment de l’aspect, l’emploi passif étant tenu par l’extensif (§ 206).

A l’opposition du nom et du verbe, qui domine la morphologie du mot, répond, dans la morphologie de la phrase, l’opposition de la phrase nominale (§ 145 sq.) et de la phrase verbale (§ 214 sq.). La phrase nominale, avec ou sans forme prédicative, exprimant un caractère essentiel de l’être, s’oppose à la phrase verbale, avec verbe d’existence, exprimant un caractère accidentel de l’être (§ 154 sq.). Dualité qui répond à deux démarches foncièrement différentes, et qui domine la structure de la phrase simple.

A qui s’est une fois pénétré de cette dualité la phrase complexe n’offre rien d’insolite ; large usage de la juxtaposition pure et simple, de la coordination par agus, is « et », de l’incise et du renvoi (§ 221 sq.) ; subordination reposant principalement sar l’emploi des deux particules relatives ə (a) et go, entre lesquelles tend à se répartir l’expression de la relation directe et de la relation indirecte (§ 225 sq.) ; simplification de cette dernière par l’emploi de formes pronominales de renvoi, précisant la relation assurée par une particule passe-partout (§ 229) ; facilité de mise en vedette d’un élément grâce à la tournure relative (§ 234) et à l’emploi des différentes formes emphatiques de la phrase nominale (§ 153) ; correspondance des temps sommaires (§ 238) ; large emploi du substantif verbal, épargnant une forme personnelle (§ 246 sq.) ; économie des éléments de construction que la clarté n’exige pas (§ 226 et 229) ; tous traits auxquels la phrase doit d’unir, comme le mot lui-même, à un faible volume et à une structure relativement simple une très grande plasticité. Médiocrement adaptée à l’expression des rapports complexes, mais constamment ployée à toutes les inflexions subjectives de la pensée, c’est un instrument créé par l’usage parlé pour l’usage parlé.