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CH. I, DESCRIPTION

drières qui paraissent des excavations faites de main d’homme : au-delà sont des carrières de granit. Bientôt, en avançant, on voit le chemin redescendre, et l’on se trouve entre des sommités de rochers dont les uns sortent du milieu du sable, et les autres sont d’énormes blocs arrondis, posés sur ce sable ou jetés les uns sur les autres, et accumulés à une grande hauteur[1]. Cependant, au milieu de ces roches éparses, on trouve une espèce de vallée que l’on suit pendant une heure et demie, et qui conduit sur la rive voisine de l’île. Le fond de cette vallée est uni, solide et recouvert d’un sable fin. Les rochers qui l’environnent sont presque tous de ce même granit rouge si brillant quand il est poli, dont nous admirons les fragmens que l’on a transportés en Europe : ici, il se présente sous de moins belles couleurs ; il est recouvert d’une couche brune, ouvrage du temps, qui en a fait disparaître toutes les petites aspérités, et le rend presque lisse. Ces rochers de formes très-irrégulières, et toujours arrondis, ne montrent ni pointes ni arêtes tranchantes, ni ces cassures anguleuses que sembleraient cependant devoir offrir des blocs qui, détachés du corps de la montagne, paraissent en être des fragmens : on dirait qu’ils ont subi un long frottement ; ils portent la marque d’une extrême vétusté.

Strabon rapporte que le chemin de Syène à Philæ était uni, et qu’on y voyageait en chariot. Ce chemin est encore le même aujourd’hui ; et l’on pourrait le par-

  1. Il y a de ces blocs qui ont plus de douze à quinze mètres (trente-six à quarante-cinq pieds) en tout sens.