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CH. I, DESCRIPTION

partie dans le sable ; et même, du côté de Syène, elle est totalement ensevelie, et se devine seulement sous un amas de sable qui, dans cet endroit, partage en deux la vallée, suivant sa longueur. Les briques qui la composent sont semblables aux briques égyptiennes employées aux grandes enceintes des temples, à Thèbes, et dans quelques autres endroits[1].

Cette conformité dans les matériaux, et surtout l’étendue de la construction, qui occupait toute la longueur de la vallée, donnent à cette muraille un caractère tout-à-fait égyptien ; et l’on ne peut point inférer du silence de Strabon, qu’elle n’existait pas encore de son temps. La construction doit en être rapportée à une époque extrêmement ancienne, où les Égyptiens eurent à protéger la route de Philæ contre les peuples qui habitaient au-dessus de la cataracte ; car nous pensons que la sûreté de cette route était le principal objet de ce rempart : nous n’avons point appris, en effet, qu’on en retrouvât des traces en s’avançant plus loin dans la Nubie[2] ; et, s’il se fût agi seulement de protéger Syène et de défendre l’entrée du pays, il aurait suffi de fermer la vallée à son

  1. On a remarqué, en différens points de cette muraille, des arrangemens divers dans les briques dont elle est composée. Ou bien ces briques sont posées à plat, suivant la manière ordinaire ; ou bien il y a alternativement deux rangs de briques posées à plat, et un rang de briques posées de champ ; ou bien encore ce dernier rang est remplacé par un autre dont les briques sont posées.
  2. Il y a cependant des habitans de Philæ qui ont dit à l’un de nous que ce mur se continuait de l’autre côté du fleuve ; ce qui est dénué de toute vraisemblance. Ce sont, au surplus, les mêmes hommes qui racontent que l’on mettait derrière la muraille les enfans trop méchans, afin qu’ils y fussent dévorés par les crocodiles.
    Il faut bien que l’on nous pardonne de rapporter un des cent contes ridicules par lesquels ces bonnes gens répondaient à nos questions.