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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

devaient-elles être découpées. Dans ce cas, ce chapiteau ne serait pas sans analogue.

Au-devant de l’enceinte du midi étaient deux petits obélisques posés sur le mur même du quai, qui leur formait un socle très-élevé : l’un d’eux a été renversé dans le fleuve, et l’on ne voit plus que l’entaille dans laquelle sa base était encastrée ; l’autre est encore debout, mais il est cassé par le haut. Cependant, en lui supposant la proportion commune aux autres obélisques, il devait avoir environ sept mètres[1] de hauteur : c’est le plus petit de tous les obélisques que nous ayons vus dans la haute Égypte. Il est de grès[2], et c’est le seul qui soit de cette matière ; il est sans hiéroglyphes, et c’est encore le seul que nous ayons vu ainsi ; à quoi l’on peut ajouter qu’il est élevé sur une très-haute base, tandis que les autres sont posés presque au niveau du sol qui les environne. Toutes ces différences doivent faire supposer que l’objet des deux obélisques situés à l’extrémité de l’île n’était pas le même que celui des autres monumens semblables ; et si l’on remarque encore qu’on les a mis à des distances fort inégales de l’édifice du midi, afin qu’ils fussent tous les deux au-dessus du mur de quai, l’on se convaincra qu’ils ont été principalement élevés pour la décoration extérieure, à laquelle il est manifeste que la régularité intérieure a été sacrifiée. On conçoit, en effet, que l’île de Philæ étant, en quelque sorte, l’entrée de l’Égypte du côté de la Nubie, on a pu vouloir en embellir l’aspect aux yeux de ceux qui

  1. Vingt-deux pieds.
  2. La couleur de ce grès a fait croire à quelques voyageurs que cet obélisque était de marbre blanc.