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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

colonnes mieux arrondies, des arêtes plus vives, des courbes plus pures et plus continues. Mais, où cette perfection du ciseau se montre encore davantage, c’est dans les sculptures : les feuillages des chapiteaux, les ornemens les plus délicats, les parties les plus petites, sont taillés avec une rare pureté. L’exécution des figures n’est pas moins remarquable ; si le contour en est roide et défectueux, les formes des reliefs sont au contraire pleines de souplesse. Comme ces reliefs sont extrêmement peu saillans, les détails des figures sont aussi très-peu exprimés ; elles semblent enveloppées d’un voile qui laisse deviner les formes, et l’œil est singulièrement charmé du travail doux et moelleux qui règne dans tous les mouvemens. Ce qui ajoute encore au mérite d’une pareille exécution, c’est la nature de la pierre qu’il a fallu mettre en œuvre, et qui, comme nous l’avons déjà dit, est un grès à peu près pareil à celui de Fontainebleau, matière qui exigeait des instrumens excellens et des mains très-exercées.

Cette perfection du travail se rencontre en divers degrés dans les édifices de Philæ : elle est remarquable dans le grand temple, dans celui de l’ouest, et surtout dans l’édifice de l’est. Peut-être la grande lumière qui l’éclaire, la blancheur de la pierre et la finesse de son grain, contribuent-elles aussi à la supériorité apparente de l’exécution. Cet édifice doit se rapporter au siècle où brillait l’art en Égypte ; le soin même que l’on a pris de choisir les matériaux, ne peut appartenir qu’à une pareille époque.

Mais comment, avec tant de perfection dans le tra-